Conseil Municipal du 21 novembre 2019 : Bilan des actions en matière de développement durable 2018-2019
Intervention dE DENIS LAURENT POUR LE Groupe Saint-Maur Ecologique et Solidaire
Mr le Maire,
Chaque année, vous nous présentez le bilan des actions en Développement Durable.
Il est pour le moins curieux qu’après nous avoir sollicité sur le bilan des actions 2018, en décembre dernier, vous nous demandiez d’approuver à nouveau le bilan de cette même année 2018, avec l’adjonction de 2019.
Soit vous avez besoin d’entendre à répétition les satisfecit de votre majorité, pour vous convaincre de l’existence d’une politique de développement durable, soit vos actions annuelles, dont celles de 2019, sont tellement limitées qu’il vaut mieux les regrouper.
Pendant ce temps, le réchauffement climatique continue son œuvre, inexorablement, et l’effondrement de la biodiversité est, à chaque résultat de nouvelles études, plus dramatique qu’imaginée. La dernière en date, publiée semaine dernière, n’y fait pas exception.
Lors de votre Rapport 2017, je rappelais il y a donc 2 ans que 15 000 scientifiques venaient de lancer un nouveau cri d’alarme, un « avertissement à l’humanité » : « il sera bientôt trop tard pour dévier de notre trajectoire vouée à l’échec. »
Record sur record battu pour ce qui concerne les pollutions de l’air, le retrait des glaces, l’élévation des températures (et l’année 2019 va être encore l’une des années les plus chaudes), etc…
Nous payons déjà collectivement l’inaction d’aujourd’hui et ce sera pire pour nos enfants et petits-enfants : nous pourrons, et encore plus à l’avenir, nous lamenter sur la dégradation de notre santé, sur les coûts économiques faramineux générés par la disparition des services gratuits de la nature, ceux des insectes pollinisateurs par exemple, les couts de réparation des désastres causés, et pleurer sur notre niveau de vie. Nous en sommes collectivement responsables aujourd’hui, et vous, Mr le Maire, en tant que 1er édile d’une ville de 75 000 habitants, plus particulièrement.
Si le développement durable concerne aussi d’autres aspects, notamment sociaux, le réchauffement climatique est la question essentielle, cause de tous les autres dérèglements de la durabilité. Il est d’une gravité extrême par toutes ses conséquences.
A l’échelle de notre territoire, je veux dire les 13 communes de Paris Est Marne et Bois, la volonté collective déjà exprimée et prochainement votée par le Plan Climat Air Energie Territorial est de :
- Réduire d’au moins 10% les consommations énergétiques dans les 5 ans,
- Réduire de 20% en moyenne les consommations énergétiques des bâtiments d’ici 2030,
- Produire 4 GWh/an d’énergie solaire photovoltaïque en couvrant 1% de la surface totale des toitures d’ici 5 ans, et 1,5 GWh/an d’eau chaude par panneaux solaires,
- Réduire d’au moins 15% les émissions de Gaz à Effet de Serre dans les 5 ans.
Ce sont des objectifs minimalistes par rapport à la vitesse du changement climatique, des objectifs qui nous emmènent déjà vers +2°C….
Leurs mérites sont d’être réalisables si chacune des collectivités les met en œuvre dans tous les domaines de la politique publique, signifiant que notre politique municipale doit être centrée sur cette mobilisation générale.
Alors, pendant ce temps, que faisons-nous à Saint-Maur ?
Les GES sont principalement le fait des bâtiments et des transports, d’autant plus à Saint-Maur.
Alors, Quels sont les actions et les résultats obtenus en la matière, en 2 ans ?
Concernant les transports…c’est-à-dire la limitation de l’usage des véhicules motorisés.
Mise à part la volonté exprimée, les intentions, les études, et 2 ou 3 mesurettes, dans les faits, c’est le néant du 1er janvier 2018 à ce jour, voire une augmentation des consommations du parc motorisé de la mairie, un comble !
Toujours aucune extension de la limitation 30 km/h, aucune voie cyclable supplémentaire non comptabilisée précédemment, des arceaux vélos posés dernièrement (mais retirés dès le lendemain si le commerçant se plaint de ne plus pouvoir stationner devant chez lui,) aucune voie piétonne permanente (à remarquer la suppression de la piétonisation des quais de la Varenne le samedi car quelques individus forts en gueule ou bien connus de la majorité municipale ont imposé leur point de vue),
La période préélectorale fait que vous commencez à vous agiter : quelques sections sont tout de même prévues d’ici la fin de l’année mais dans ce domaine comme dans tous les autres, vous ménagez les modes de vie actuels : le changement climatique va se charger du contraire, mais dans les pires conditions.
Où sont vos actions pour favoriser la marche à pied (des bancs, pas uniquement dédiés aux seniors, d’ailleurs, c’est quoi un banc adapté au senior ?), où sont les itinéraires apaisées dans la ville, c’est-à-dire libérer de l’emprise des véhicules sur les trottoirs (notamment dans les zones non payantes ?
Votre politique aujourd’hui est de ne pas verbaliser les véhicules en stationnement illicite sur les trottoirs, notamment hors zones bleue et rouge, en début et fin de journée, mais de favoriser les déplacements en voiture en gaspillant 500.000€ d’argent public par l’abaissement de la tarification du stationnement en surface.
Une honte! Car cette mesure fait partie de la démagogie électoraliste! Courte-vue et facilité pour garder le pouvoir, plutôt que courage et ambition dans une vision de long terme.
Que va-t-il falloir pour prendre en compte les drames qui se préparent, et la mauvaise santé de la population du fait, à Saint-Maur, des particules fines émises par les véhicules ?
Remettez la voiture à sa place et faites en diminuer l’usage.
Concernant les bâtiments…c’est-à-dire la réhabilitation thermique du secteur public et privé.
Aucune politique, ou presque, c’est dramatique.
On a pu le constater avec des chiffres lors de la cession du patrimoine de logements de notre opérateur communal, la SIEM. 94% des logements étaient en état de passoire thermique (étiquette D ou >, 1 seul B), ce qui est instructif quant à l’absence de politique de la SIEM pour contenir le niveau de charges des locataires, et de l’absence de tout programme de réhabilitation pour lutter contre les déperditions énergétiques et le réchauffement climatique.
Vos seules actions concernent des travaux de réhabilitation partielle dans les écoles, partielle car l’objectif de la mise en travaux n’est pas principalement la réduction des consommations énergétiques : vous n’avez pas de programmation globale en la matière et n’imaginez pas la mise en place d’énergies renouvelables, seulement une meilleure efficacité des chaudières au fioul.
Le dernier contrôle des pouvoirs publics sur le patrimoine de l’OPH est symbolique : 2 réhabilitations très dispendieuses dont le résultat est le maintien en passoire thermique de la Caserne des Pompiers (alors que le dépassement financier est de 200%).
C’est de la responsabilité de la ville que de dresser un diagnostic général des bâtiments communaux et de la ville toute entière, que je vous ai proposé chaque année depuis 5 ans, en vous donnant l’exemple d’un outil de 1ère approche, la thermographie…
C’est de la responsabilité de la ville que de mobiliser les nombreux propriétaires et copropriétaires, qui plus est occupant, que de valoriser les plate-formes interactives, que de sensibiliser à l’installation de solaire thermique voire panneaux photovoltaïques : pas un mot dans les réunions publiques, et pour cause, vous n’avez rien à valoriser d’une absence de politique, pas de communication dédiée si ce n’est un encart de publicité 1 fois...
Ce sont pourtant l’équivalent de 1 000 logements qui devraient être réhabilités chaque année !
Rien dans les actions présentées dans ce rapport…
En matière d’éclairage, principal consommateur d’électricité pour la commune, accélérons les programmes de rénovation dont les économies de fonctionnement sont démontrées. Investissons mieux et plus vite.
Qu’en est-il de l’objectif de résilience, c’est-à-dire l’adaptation au réchauffement climatique ?
Alors qu’il est dorénavant prévu une grande fréquence des épisodes caniculaires, pouvant atteindre les 50°C en Ile-de-France, les actions concourant à la limitation des ilots de chaleur s’anticipent : végétalisation des bâtiments, reconquête des terrains imperméabilisés, adoption de couleur réfléchissante, développement des surfaces ombrées, notamment par la végétation.
végétalisation des bâtiments : cherchez bien
reconquête des terrains imperméabilisés, cherchez bien
adoption de couleur réfléchissante, cherchez bien
développement des surfaces ombrées, notamment par la strate arborée . Là vous avez une réponse dans le rapport, je cite : le choix se fait avec une vision à long terme ! super
Donc vous imaginez qu’on plante des essences à feuillage volumineux pour que l’ombre portée nous protège. Eh bien non, c’est l’inverse : la vision long terme, c’est que l’entretien soit le moins coûteux possible, donc le feuillage le plus réduit possible…
En conclusion, la détoxification n’est pas en cours : notre endettement vis-à-vis des générations futures dans la lutte contre le réchauffement climatique continue d’augmenter et elle est de nature toxique : son coût sera exponentiel et non maîtrisé pour les suivants.
Parmi les autres critères du développement durable, les résultats sont pour la plupart tout aussi insuffisants.
Et notamment dans l’accès au logement : les dernières statistiques INSEE démontrent une ville qui accueille de plus en plus les C S P supérieurs, conséquence d’une politique de résistance vis-à-vis d’un logement social accessible à la population saint-maurienne modeste, et le fait de lâcher la bride aux promoteurs privés pour du standing. Ce sont des résultats statistiques que vos commentaires ne pourront changer.
Dans ce domaine du logement, toujours pas d’opération gagnant/gagnant avec le parc privé pour lutter contre l’insalubrité, les marchands de sommeil, mais aussi la vacance de 2 850 logements, c’est-à-dire autant que de familles demandeurs de logement !
Les enjeux du développement durable, qui concernent aussi bien la vie quotidienne de chacun, mode de consommation, mode d’alimentation, mode d’habitat, etc…que des politiques publiques structurelles sont propices à la sensibilisation et à la mobilisation de la population, mais aussi à soutenir tous les projets émergents.
Mais à Saint-Maur, ce n’est pas l’avenir qui compte, mais être dans la ligne de la municipalité, ne pas faire de vague contre le pouvoir en place.
Nous pensons avoir une nouvelle fois exprimé une critique sévère de votre politique, restant aveugle à la rapidité du changement climatique et à la responsabilité du territoire saint-maurien, car vos actions ne traduisent pas comme prioritaire et urgence absolue, l’atteinte des objectifs du Développement durable précisés dans les textes qui nous engagent.
Merci Mr le Maire