Débat d’orientation budgétaire 2017: le maire refuse de nous donner la parole
Le point n°7 inscrit à l'ordre du jour de la séance du Conseil Municipal du 1er février 2017 était consacré au rapport et au débat d'orientation budgétaire. Le Maire, Sylvain Berrios, a refusé de donner la parole à Denis Laurent, conseiller municipal EELV. Vous trouverez ci-dessous le texte de l'intervention censurée.
Mr le Maire,
Le débat d’orientation budgétaire aura permis que vous exprimiez spontanément le comportement responsable de votre opposition municipale, qui vote avec vous les délibérations qui lui sont présentées dans l’intérêt général. Vous faisiez référence à la décision de détoxifier notre endettement communal.
Elle est tout autant responsable lorsqu’elle vous propose, conseil municipal après conseil municipal, délibération après délibération, de profiter de toute opportunité pour développer le nombre de logements sociaux, afin de répondre aux besoins essentiels des saint-mauriens, demandeurs de logement.
Se heurtant à un mur idéologique, nous dénonçons fermement et avec responsabilité vos agissements lorsque vous ne destinez pas les biens communaux qui n’ont plus d’affectation à la création de petites unités de logements sociaux bien intégrés dans le tissu urbain de notre ville.
Oui, votre adjointe, chargée des Finances, manipule l’opinion en affirmant en conseil municipal que la municipalité ne peut inventer les opérations de logements sociaux alors qu’aucun projet ne lui est présenté !
Oui, notre responsabilité et notre sens de l’intérêt général nous amènent à dénoncer votre politique qui conduit à restreindre l’accès à un logement social à Saint-Maur, rendant difficile le maintien à leur domicile des saint-mauriens les plus modestes : c’est une politique discriminante inacceptable.
Oui, c’est le bon sens qui guide l’Etat à limiter la solidarité nationale, c’est-à-dire l’attribution de subventions publiques, vis-à-vis de villes, en premier lieu Saint-Maur, qui refusent la mise en œuvre de la solidarité la plus essentielle envers leur population fragilisée en termes de logement.
Les conséquences de cette politique constante de la droite saint-maurienne au pouvoir est une gabegie financière : l’orientation budgétaire que vous nous proposez est de gaspiller 4,25 Millions € en compensation de la carence de logements sociaux.
Oui, l’état de carence en logements sociaux coûte très cher aux contribuables saint-mauriens, et coûtera encore plus cher à l’avenir, en pure perte !
C’est bien votre volonté de ne pas mettre en œuvre vos propres engagements de solidarité, pourtant actés dans le Contrat de Mixité Sociale que vous avez signé avec le Préfet pour les années 2014 à 2016.
En effet, le bilan de cette période triennale est catastrophique, tant en matière d’offre nouvelle de logements sociaux - nous n’allons pas dépasser 18% de l’objectif triennal – qu’en nombre de ménages demandeurs de logements sociaux, nombre qui double et atteint dorénavant 3 944 ménages (cf rapport des services municipaux 2015). C’est l’un des indicateurs du mal logement à St-Maur, malheureux signe de l’absence de toute action publique.
Le bilan de lutte contre l’insalubrité ou le péril n’est pas à l’échelle du nombre de logements potentiellement indignes : 6 interventions pour environ 1 000 logements indignes ! Autant d’habitants dont la santé et la dignité ne sont pas respectées.
Or, il n’y a pas d’épanouissement humain sans pouvoir bénéficier d’un logement décent adapté à ses besoins et ses ressources. Il n’y a pas plus de cohésion sociale. Votre rapport sur vos actions en matière de développement durable à Saint-Maur se targue de beaux résultats en la matière, mais en faisant fi du problème du mal logement !
Par le passé, Saint-Maur était déjà montrée du doigt dans toute l’Ile-de- France, seule ville carencée constamment, et seule la signature du Contrat de Mixité Sociale a permis que la compensation financière à verser à l’Etat ne soit que doublée.
Pour fixer le montant de la compensation pour la prochaine période triennale, le bilan catastrophique constaté au 31 décembre 2016, résultant de l’absence de toute action de mobilisation pour créer une offre nouvelle de logements sociaux, conduira le Préfet à sanctionner la politique élitiste de notre Maire : la compensation ne sera pas doublée mais quadruplée ou quintuplée.
Ce ne sont pas 4,25 Millions € financés par les contribuables que vous jetez par les fenêtres, Mr le Maire, mais 5 ou 6 ou 7, voire 8 Millions € !
Ainsi, Mr le Maire, vous servez peut-être votre idéologie, mais certainement pas les finances de la Ville : c’est de la plus totale irresponsabilité.
Vous ne satisfaisez pas aux besoins essentiels de vos administrés, et laissez dans la détresse bon nombre de saint-mauriens, mal logés, en suroccupation, en menace d’expulsion, en insalubrité. Indirectement, vous créez le malheur, et un malheur qui coûte cher à tous : c’est la double peine !
Année après année, conseil municipal après conseil municipal, nous vous avons proposé des solutions bien intégrées à notre urbanisme, correspondant d’ailleurs à votre communication publique pour le PLU : des petites unités diffuses dans tous les quartiers. C’est le gage d’une bonne mixité et donc d’une insertion sociale réussie.
Pour mobiliser les logements vacants, pour lutter contre la vétusté et l’insalubrité, importante à Saint-Maur, des outils existent dans l’intérêt des propriétaires privés, et servant la politique urbaine de la Ville : bail à réhabilitation, intermédiation locative, usufruit locatif social, etc…
L’offre nouvelle de logements sociaux doit être intégrée à tout nouveau programme de promotion immobilière, et le tissu pavillonnaire peut accueillir de nouvelles natures de logements sociaux bien adaptés.
Tous les biens communaux désaffectés doivent être mobilisés pour répondre aux multiples détresses familiales, touchant les droits les plus élémentaires, notamment ceux des enfants…
Oui, les outils et donc les solutions existent, elles sont connues et répertoriées.
Mr le Maire, les victimes de votre idéologie sont innombrables : ce sont toutes les familles et ménages demandeurs d’un logement adapté et qui leur soit accessible financièrement, ce sont aussi tous les contribuables saint-mauriens.
Votre politique est comparable aux fameux emprunts : elle est toxique et nous conduit à des abîmes financiers, mais aussi, plus grave, des abîmes sociaux.