Accueil EELV en mairie Conseils municipaux Saint-Maur-des-Fossés Conseil Municipal du 20 décembre 2018 : Rapport sur la situation en matière de développement durable 2018

Saint-Maur-des-Fossés Conseil Municipal du 20 décembre 2018 : Rapport sur la situation en matière de développement durable 2018

Saint-Maur-des-Fossés

Conseil Municipal du 20 décembre 2018

 

Point 8 : Rapport sur la situation en matière de développement durable 2018

Intervention de Denis Laurent

 

Mr le Maire,

 

En réponse à votre Rapport précédent de 2017, je rappelais il y a donc 1 an que 15 000 scientifiques venaient de lancer un nouveau cri d’alarme, un « avertissement à l’humanité » : « il sera bientôt trop tard pour dévier de notre trajectoire vouée à l’échec. »

Depuis, les résultats sont tombés aussi bien au niveau mondial que France : les émissions de Gaz à effet de serre sont reparties à la hausse, et ce dans tous les domaines : transport, bâtiment, agriculture.

Record sur record battu pour ce qui concerne les pollutions de l’air, le retrait des glaces, l’élévation des températures (la température France de chacune des années depuis 1990 est supérieure à la température moyenne du XXème siècle, et l’année 2018 va être encore l’une des années les plus chaudes), etc…

Ce n’est plus à l’échelle de seulement 2 générations, que tout ceci nous mène dans le mur, ce sont nos enfants, et petits-enfants qui vont payer l’inaction d’aujourd’hui : nous pouvons déjà, et encore plus demain, nous lamenter sur la dégradation de notre santé, sur les coûts économiques faramineux générés par la disparition des services gratuits de la nature, les couts de réparation des désastres causés, et pleurer sur notre niveau de vie. Nous en sommes collectivement responsables aujourd’hui.

Si le développement durable concerne aussi d’autres aspects, notamment sociaux, le réchauffement climatique est la question essentielle, cause de tous les autres dérèglements de la durabilité. Il est d’une gravité extrême par toutes ses conséquences.

Alors, pendant ce temps, que faisons-nous ?

A l’échelle de notre territoire, je veux dire les 13 communes de Paris Est Marne et Bois, la volonté commune déjà exprimée et prochainement votée par le Plan Climat Air Energie Territorial est de :

  • Réduire d’au moins 10% les consommations énergétiques dans les 5 ans,
  • Réduire de 20% en moyenne les consommations énergétiques des bâtiments d’ici 2030,
  • Produire 4 GWh/an d’énergie solaire photovoltaïque en couvrant 1% de la surface totale des toitures d’ici 5 ans, et 1,5 GWh/an d’eau chaude par panneaux solaires,
  • Réduire d’au moins 15% les émissions de Gaz à Effet de Serre dans les 5 ans.

Ce sont des objectifs minimalistes par rapport à la vitesse du changement climatique, des objectifs  qui nous emmènent déjà vers +2°C….

Leurs mérites est d’être réalisables si chacune des collectivités les met en œuvre dans tous les domaines de la politique publique, signifiant que notre politique municipale doit être centrée sur cette mobilisation générale.

Alors, pendant ce temps, que faisons-nous à Saint-Maur ?

Quand les villes se lançaient dans des diagnostics de Bilan Carbone il y a 15 ans déjà, Saint-Maur était dans son petit nuage et l’est toujours, sauf que bientôt il sera trop chaud pour y dormir tranquille : à ce jour, nous n’avons toujours pas de diagnostic et de politique saint-maurienne en la matière.

Les GES sont principalement le fait des bâtiments et des transports, d’autant plus à Saint-Maur.

Alors, Quels sont les résultats obtenus en la matière, transmis par ce Rapport DD 2018 ?

Concernant les transports…c’est-à-dire la limitation de l’usage des véhicules motorisés.

Mise à part la volonté exprimée, les intentions, les études, et 2 ou 3 mesurettes, dans les faits, c’est le néant concernant l’année 2018 :

Toujours aucune voie piétonne permanente, aucune extension de la limitation 30 km/h, aucune voie cyclable supplémentaire non comptabilisée précédemment, aucun arceau vélo de stationnement supplémentaire…

L’échec de la « Semaine sans voiture » démontre que le coup de com ne correspond pas à une politique structurelle : l’initiative est à reprendre mais accompagnée d’actions dans tous les domaines favorisant la marche à pied (des bancs, des bancs, des itinéraires apaisées dans la ville, etc…), les itinéraires cyclables et le stationnement sécurisés (pas de concertation sur les travaux voirie en cours, que prévoient-ils ?, pourquoi aucun arceau supplémentaire au lieu et place de stationnement voiture, quelle politique d’incitation vis-à-vis de tous les grands commerces ou établissements privés ?). Et développons les animations scolaires comme le fait PVSM.

Et pour favoriser ces mobilités actives et la sécurité de tous, il y a lieu de verbaliser, je dis bien verbaliser les véhicules en stationnement illicite sur les trottoirs, notamment hors zones bleue et rouge, en début et fin de journée, après une campagne de sensibilisation et de prévention. Remettez la voiture à sa place et faites en diminuer l’usage.

Concernant les bâtiments…c’est-à-dire la réhabilitation thermique du secteur public et privé.

Aucune politique, c’est dramatique. Se reposer sur une permanence Point Info Energie dont le nombre de RV est chaque année lénifiant et, qui plus est, en diminution, dans la vingtaine de RV, est dramatique par rapport aux impacts climatiques de l’habitat et aux objectifs connus depuis la loi de 2015.

C’est de la responsabilité de la ville que de dresser un diagnostic, que je vous ai proposé chaque année depuis 4 ans, en vous donnant l’exemple d’un outil de 1ère approche, la thermographie,

C’est de la responsabilité de la ville que de mobiliser les nombreux propriétaires et copropriétaires, qui plus est occupant,  que de valoriser les plate-formes interactives, que de sensibiliser à l’installation de solaire thermique voire panneaux photovoltaïques : pas un mot dans les réunions publiques, et pour cause, vous n’avez rien à valoriser d’une absence de politique, pas de communication dédiée si ce n’est un encart de publicité 1 fois...

Ce sont pourtant l’équivalent de 1 000 logements qui devraient être réhabilités chaque année !

Le Rapport ne donne aucune indication en la matière, ni en nombre, ni en qualité (étiquette énergétique).

Plus grave, les actions de la Ville sur son propre patrimoine. Ayant par le passé demandé des précisions en commission, sans aucune réponse apportée,  l’opacité est totale et permet de se prévaloir d’actions de réhabilitation et de budgets, mais qui ont peut-être un impact énergétique négligeable. Pendant ce temps-là des communes, même petites comme Loos en Goele, installe des Panneaux photovoltaiques permettant la revente d’électricité.

Le dernier contrôle sur le patrimoine de l’OPH est à cet égard instructif : 2 réhabilitations très dispendieuses dont le résultat est le maintien en passoire thermique de la Caserne des Pompiers (alors que le dépassement financier est de 200%).

En matière d’éclairage, principal consommateur d’électricité pour la commune, accélérons les programmes de rénovation dont les économies de fonctionnement sont démontrées.

Le Rapport ne fait pas état du nouveau levier dont la ville dispose depuis le 1er juillet 2018 de par la loi de 2012, l’obligation généralisée d’extinctions lumineuses des bureaux, commerces et enseignes, 1h après la fin de leurs activités, dont la charge de la faire respecter vous incombe.

Enfin, sur un sujet proche, il est incompréhensible d’être si éloignés des objectifs de 2020 concernant l’intégration dans les marchés passés par la ville  des critères environnementaux (14% alors que l’objectif est de 30% en 2020)  et des critères sociaux : moins de 1% des marchés, au lieu de 2% en 2017, alors que l’objectif est de 20% dans 2 ans. Comment expliquer cette non-conformité à l’objectif et l’absence de pression exercée sur les entreprises pour l’intégration des publics défavorisés… ?

 

Qu’en est-il de l’objectif de résilience, c’est-à-dire l’adaptation au réchauffement climatique ?

Alors qu’il est dorénavant prévu une grande fréquence des épisodes caniculaires, pouvant atteindre les 50°C en Ile-de-France, les actions concourant à la limitation des ilots de chaleur s’anticipent : végétalisation des bâtiments, reconquête des terrains imperméabilisés, adoption de couleur réfléchissante, développement des surfaces ombrées, notamment par la végétation.

Où sont les indicateurs dans le Rapport et les résultats ? Les quais de La Pie, piste cyclable comprise, ont été refaits avec du bitume noir, et contrairement au projet initial, imperméable.

Aucun autre projet, pas de végétalisation prévue dans les bâtiments existants. Espérons encore que la vente au privé du square Pforzheim n’augmente encore le déficit d’espaces verts sur St-Maur.

Quant à la rationalisation des consommations d’eau, elle peut être largement développée alors que 2/3 du résidentiel est pavillonnaire : quid d’une politique de rétention à la source concernant le bâti existant avec des indicateurs, notamment le taux d’équipement de rétention des eaux pluviales pour arrosage dans le domaine privé, avec mise en œuvre d’une politique d’installation incitative. L’installation de puisards ne peut se faire elle qu’en accompagnement de travaux.

En conclusion de cette partie du rapport ayant trait à la lutte contre le réchauffement climatique, l’action de la ville correspond le plus souvent à beaucoup de signatures de documents publics et de communication, mais avec de nombreux engagements non mis en œuvre, ses résultats sont insignifiants, comme si on avait du temps.

Notre dette pour les suivants sera elle aussi toxique, et considérable !

Parmi les autres critères du développement durable, les résultats sont pour la plupart tout aussi insuffisants.

 

  • La reconquête de la qualité de l’air ne se fait qu’en critiquant les projets des voisins, rien d’autre,
  • L’enjeu d’une reconquête de la biodiversité à St-Maur est autant dans le domaine privé que dans le domaine public : nous n’avons pas d’éléments d’une stratégie pluriannuelle visant les particuliers, notamment concernant les phytosanitaires. Un indicateur pourrait être les labels « Oasis » ou « Refuge ».
  • Le logement social ne se développe pas notamment à cause du voisinage qui multiplie les recours, comme si le dénigrement constant du logement social et de ses occupants DALO de la part des majorités municipales n’était pas responsable de la chose : à quand la fierté de faire du logement social et la valorisation de ses habitants ? L’exemple du centre d’hébergement d’urgence du 16ème est révélateur de la force des solidarités qui s’impose après une 1ère phase de rejet discriminant et même de violence.

Dans ce domaine du logement, toujours pas d’opération gagnant/gagnant avec le parc privé pour lutter contre l’insalubrité, les marchands de sommeil, mais aussi la vacance de   2 850 logements, c’est-à-dire autant que de familles demandeurs de logement !

  • Quant à la démocratie citoyenne et participative, elle représente un facteur essentiel de mobilisation sur toutes les problématiques évoquées, et est par essence facteur de cohésion sociale.

Les réunions publiques pourraient devenir participatives sur le critère de la co-construction si la parole publique n’était pas chronophage au service d’une information descendante.

 

Les forces d’inertie sont les plus influentes lorsqu’on a peur de toute émergence contradictoire

Or, le potentiel de compétences et d’initiatives de la population est à la mesure des enjeux : il y a lieu de la mettre en mouvement pour en libérer l’énergie et la créativité, soutenir les projets, même ceux qui ne sont pas dans la ligne….la véritable démocratie est à ce prix et Saint-Maur a besoin de tout le monde. La dynamique mobilisation citoyenne auprès des migrants accueillis au gymnase démontre des envies d’agir insoupçonnées.

Les enjeux du développement durable, qui concernent aussi bien la vie quotidienne de chacun, mode de consommation, mode d’alimentation, mode d’habitat, etc…que des politiques publiques structurelles sont propices à la sensibilisation et à la mobilisation de la population, mais aussi à soutenir tous les projets émergents.

Sur la forme du Rapport, pour la 2ème année consécutive, il est élaboré en cours d’année ne permettant pas la connaissance des résultats définitifs ni la comparaison des données avec 2017. L’ayant fait remarquer l’année passée, est-ce une volonté pour masquer l’insuffisance des résultats ? Est-ce également une volonté de ne pas présenter le Rapport en commission Cadre de vie pour la 2ème année consécutive ?

Nous pensons avoir une nouvelle fois exprimé une critique sévère de votre politique, restant aveugle à la rapidité du changement climatique et à la responsabilité du territoire saint-maurien, mais nous vous avons aussi donné de nombreuses idées pour une évolution dans les actions, quant à leur nature et leur ambition, et aux moyens dévolus, afin de considérer comme prioritaire la politique de DD, l’urgence est absolue, elle doit inspirer toutes les politiques publiques.

Merci Mr le Maire