Agir pour préserver la boucle de la Marne
Saint-Maur-des-Fossés
Conseil Municipal du 24 mai 2018
Point n°11 : Agir pour préserver la boucle de la Marne « Saint-Maur, ville durable 2018-2025 »
Intervention de Denis Laurent du Groupe Saint-Maur Ecologique et Solidaire,
Monsieur le Maire,
Les grandes orientations du PADD ont été arrêtées en avril 2015 par votre majorité lors du Conseil municipal,
Lors du débat, nous avions émis des réserves relatives à l’insuffisance des objectifs en matière de lutte contre le réchauffement climatique, de maintien ou de développement de la biodiversité, et mis en exergue vos contradictions entre les préconisations faites et la politique mis en œuvre, notamment en ce qui concerne le parcours résidentiel des saint-mauriens, c’est-à-dire faire le nécessaire pour offrir un logement accessible à chacun, voir un hébergement pour ceux qui n’ont rien.
Aujourd’hui, 3 ans après l’adoption du PADD, il s’agit de mettre en oeuvre concrètement les objectifs adoptés.
33 actions nous sont proposées.
Vont-elles dans le bon sens ? sont-elles dans l’intérêt des saint-mauriens d’aujourd’hui et ceux des générations futures ?
Ce qui est sûr, c’est qu’elles ne sont pas contraires aux objectifs du PADD, et qu’il n’est pas dérangeant de les accepter telles que présentées, malgré leurs insuffisances.
Ainsi, nous validons l’objet de 19 des actions proposées, 4 autres seraient à compléter, les 10 dernières ne sont pas négatives mais leur objet apparait vraiment insuffisant par rapport aux enjeux.
Pour autant, quel est l’impact structurel de chacune des actions proposées pour transformer Saint-Maur en Ville durable ? La réponse est que peu de ces actions ont un objet structurant pour faire rapidement évoluer la ville en durable d’ici 2025.
Et pour celles qui le sont, rares sont celles qui prévoient les moyens de réalisation (humains, financiers, techniques) et leur programmation : seules 5 d’entre elles réunissent ces critères, …mais 4 concernent des études préparatoires. Les études préparatoires sont indispensables, car les actions structurantes nécessitent engagement dans la durée et des moyens. Donc, c’est bien.
Mais, pour toutes les autres actions, les moyens humains, les budgets ou les modalités opérationnelles restent indéterminés. On est donc plutôt dans une collecte à la Prévert sans savoir très bien ce qu’on en fera, comment et quand !
Reste l’introduction d’une alimentation bio dans les cantines scolaires qui nous apparait fondamentale. Mais avec un taux de 20% seulement en 2022, correspondant à 1 seul repas bio par semaine, on est très loin d’un quelconque changement de paradigme pour préserver la santé de nos enfants des effets de la chimie.
Les enjeux qui sont les nôtres pour un Saint-Maur Durable au service de la population d’aujourd’hui et de demain, sont considérables : enjeu de mixité et de cohésion sociale, enjeu de santé publique, enjeu de lutte contre le réchauffement climatique, enjeu de maintien et de développement de la biodiversité.
Concernant ces 2 derniers sujets, liés par ailleurs, l’urgence est absolue puisqu’une part, nous nous dirigeons vers une augmentation de température d’au moins 2°C, avec des périodes caniculaires inconnues pour nous car prévues à plus de 50°C, qui nous affecteront directement et de plus en plus, et d’autre part, les populations animales sont d’ores et déjà en chute libre.
Ces populations animales représentent les soubassements de toute vie humaine. Le plus dramatique est la disparition de 80% de la densité d’insectes en 30 ans, avec toutes les conséquences sur l’appauvrissement des terres nourricières, la diminution des pollinisations, la raréfaction des ressources alimentaires pour les prédateurs, pouvant expliquer en partie la chute des populations d’oiseaux communs, de 30% en 15 ans.
Plus de 70% des moineaux parisiens ont disparu, et cela fait maintenant plusieurs années que je n’observe plus d’hirondelles à Saint-Maur, alors que notre ville abritait encore, il y a peu, plusieurs colonies.
Pourquoi insister là-dessus ? parce que la majorité des actions proposées prend en compte la qualité visuelle du végétal (embellissement, ornementation,…) mais prend insuffisamment en compte les enjeux de biodiversité végétale et surtout animale, la grande absente. Or, nombreuses sont ces actions qui pourraient être améliorées en les déclinant avec des modalités complémentaires.
Le vivant est très complexe avec des interactions multiples et insoupçonnées. La diminution de la biodiversité est un drame explosif, mettant en cause nos propres intérêts humains. Nous devons nous approprier cet enjeu pour l’intégrer dans toutes les décisions, élus, services techniques et population.
A ce titre, l’une de nos propositions est de participer à l’Atlas communal de la Biodiversité qui, outre l’objectif de connaissance, correspond à une démarche de sensibilisation, de mutualisation par l’ensemble des outils collaboratifs déjà opérationnels qu’il propose à la population.
En matière de lutte contre le réchauffement climatique, rien n’est proposé à la population dans le secteur de l’habitat pour mieux isoler (une thermographie serait utile), moins consommer en énergie carbonée (je pense aux énergies renouvelables), et limiter les effets des îlots de chaleur, notamment par la végétalisation. A travers l’élévation des températures, la santé de tous est en cause, la résilience de la ville doit ainsi devenir un objectif central de la politique publique.
C’est dire que nous espérons un PADD mis en oeuvre de façon opérationnelle et dans toutes ses composantes.
Or, vous nous avez habitués à des contradictions flagrantes entre les objectifs du PADD et vos décisions pour Saint-Maur : outre les exemples déjà cités, je reviens sur l’imperméabilisation de nombreuses surfaces de notre ville, contraire au PADD, mais aussi au SAGE adopté, dont vous assurez pourtant la présidence et l’animation.
Espérons donc que les actions proposées ce soir seront réalisées rapidement, dotées de moyens humains, techniques et financiers et ce, dans les meilleurs délais, qu’elles pourront être améliorées, et que les objectifs du PADD qui ne sont pas encore traduits sur le plan opérationnel le soient. La capacité de tous les saint-mauriens à pouvoir habiter à Saint-Maur reste ainsi sans réponse.
Les propositions d’actions soumises au Conseil sont issues des services de la ville, il devient profitable de solliciter la société civile pour partager les enjeux et contribuer à enrichir ces propositions.
Nous soutenons ainsi le fait de réunir autour de vous et de vos services, un comité de pilotage pour contribuer à rendre Saint-Maur ville Durable, à l’image de la création de la commission Vélo, rassemblant régulièrement (et plus d’une fois par an) élus, associations, entreprises et PQ, profitant ainsi de l’intelligence collective dans la mise en œuvre des actions proposées ce soir, afin également de les compléter. Les ateliers participatifs du SAGE sont une autre illustration des démarches associant l’ensemble des acteurs.
Malgré donc des contradictions entre vos paroles et vos actes, malgré le manque de précision concernant les modalités de réalisation de la plupart des actions proposées, malgré les insuffisances constatés dans ce qu’il y a lieu de faire, nous choisissons d’accompagner la majorité dans cette nouvelle démarche, car nous la croyons évolutive et l’espérons ouverte aux contributions.
Et avec 2 exemples, nous vous félicitons, d’une part, pour ce qui concerne l’engagement de la réflexion collective relative au développement des mobilités douces et actives, et d’autre part, pour la reprise de notre proposition de création d’une Maison de l’Eau et du Développement durable, dont l’objet est similaire à ce que nous vous avons proposé depuis 4 ans à La Pie.