Accueil Jeudis de la Transition Ecologique et Sociale Comptes-rendus JTES Les jeudis de la transition écologique et sociale : CR du jeudi 15 avril 2021 Le Revenu Universel d’Existence

Les jeudis de la transition écologique et sociale : CR du jeudi 15 avril 2021 Le Revenu Universel d’Existence

Photo Michel Pouzol

Avec Michel Pouzol ancien député PS de l’Essonne. Grand défenseur du Revenu Universel d’Existence, il est aujourd'hui porte-parole et responsable de la mobilisation à Génération•s.

Ouvrier chez Michelin, il travaille ensuite pour diverses radios et comme journaliste pigiste pendant douze ans. Il se lance dans le cinéma comme comédien ("Ma 6-T va craquer") et réalisateur ("Barbès la nuit", "Le Fils du pêcheur", "Le Cœur de pierre"). Il connait ensuite plusieurs années de précarité et croise alors la route de l'association Solidarités Nouvelles pour le Logement qui l'aidera alors à se relever. Elu conseiller général en 2008 il devient député en 2012.

Michel Pouzol est l’auteur du documentaire « Pourquoi nous détestent-ils, nous les pauvres » dans lequel il passe en revue les clichés véhiculés sur les pauvres par certains hommes politiques, titres de presse et émissions de télévision.

 

Lors de la campagne présidentielle de 2017, des millions de Françaises et de Français ont découvert le revenu universel d’existence, allocation octroyée chaque mois à tout citoyen sans condition ni contrepartie, lui garantissant un revenu minimal. L’idée fait alors son chemin dans un contexte de crise sociale inédite et d’accroissement des inégalités dans notre pays et dans le monde.

Désormais le Revenu Universel d'Existence s'impose au cœur du débat public comme une possible réponse d’avenir à la crise sociale et à la pauvreté, aux mutations du travail et à la révolution numérique, à l’impératif écologique et à l’exigence démocratique qui nous obligent à changer de modèle de société.

Dans son introduction puis dans ses réponses aux questions et doutes des participants, Michel Pouzol revient systématiquement sur le projet de société qui sous-tend ce revenu universel : il s’agit de revoir le rôle du travail actuellement structurant de tout notre édifice social : dans ce projet de société « on centre sur les gens, on ne les situe pas en fonction de leur place dans le système de production ». Quelle que soit sa place, chaque individu doit voir ses besoins d’être humain satisfaits. Le Revenu de base est ainsi universel, sans condition, individuel, imprescriptible.

Q. : Oui mais comment financer ce Revenu Universel ? A-t-il été chiffré ?

R. : Dans le système actuel, il n’est pas possible de financer le revenu universel de subsistance ; il doit être couplé avec une refonte complète de la fiscalité, en particulier concernant la transmission du patrimoine, et intégrant la taxation des robots. Il faut aussi accompagner l’explosion potentielle des prix. On ne peut pas introduire le revenu universel, sans changer le cadre général de notre système de production et de consommation.

Q. : Qui accepterait de faire les travaux pénibles si on n’y est plus obligé ?

R. : Le revenu universel redonne du pouvoir de négociation aux travailleurs, qui ne sont plus obligés d’accepter n’importe quoi ; les travaux pénibles devront donc être rendus attractifs. C’est une incitation au travail, un bon outil pour l’innovation. Puisqu’il assure à tous un minimum, il sécurise, et facilite la prise de risque pour créer son entreprise. Les familles pourraient percevoir un revenu universel pour chaque enfant (par ex 300 euros), dont une partie bloquée jusqu’à 18 ans, et permettant aux jeunes de réaliser leurs projets.

Enfin le revenu universel permet de reconnaître la richesse produite par les activités et la créativité ignorées par le PIB.

Q. : Quelle est la bonne échelle pour expérimenter ce revenu universel, est-ce qu’il doit être local ? ou peut-on l’expérimenter plutôt pour certaines catégories de population ?

R. : La véritable bonne échelle est la nation puisqu’il faut changer de modèle de société, et donc d’organisation politique, économique et sociale.

Cela n’empêche pas de commencer par étape, par exemple à l’échelle du Département puisqu’il est chargé de la solidarité. Plusieurs départements ont d’ailleurs souhaité l’expérimenter. Comme c’est un outil très efficace pour lutter contre la grande pauvreté (règle la question du non recours), et particulièrement adapté pour les jeunes, on peut aussi commencer par les populations les plus pauvres ou les jeunes de 18 à 25 ans.

L’Allemagne envisage une expérimentation assez large, avec une population tirée au sort, qui pourrait être intéressante.

Si le revenu universel semble encore relever de l’utopie, le contexte actuel de crise sanitaire qui exacerbe encore les inégalités et rend visibles les limites de notre système économique et social, pourrait faciliter son introduction dans certains pays, dont ceux qui n’ont pas de système de protection sociale et sont contraints d’injecter du pouvoir d’achat (comme le fait actuellement Joe Biden).